Kyuss "Blues for the red sun" (Dali Records, 1992)

D'emblée, il y a cette pochette rougeoyante, qui évoque le Fun house des Stooges et, plus récemment, le formidable Soul, glitter and sin de Thee Hypnotics, voire leur Let it come down heavy.

Ici, c'est de stoner qu'il s'agit, quand bien même l'ensemble sonne aussi "wild" que les formations précitées, et même des prémices des Queens of the stone age puisque Josh Homme et Nick Oliveri sont présents. John Garcia et Brant Bjork, excusez du peu, assurant respectivement le chant et le drumming L'opus, qui, tiens, fait aussi penser à Dropped de Mindfunk, est dans le même temps lourd (Apothecaries weight) et alerte (Thumb, excellent morceau d'ouverture), et envoie quinze bombes stoner, au son presque métal mais jamais dénuées d'effluves psyché ou bluesy en mode torturé. On se régale et Blues for the red sun constitue de plus une jolie alternative à la pluie d'essais grunge s'infiltrant dans le filon creusé par Nevermind de Cobain and Co. Riffs gras, chant hargneux d'obédience 70's, son opaque et sens de la composition, sans sombrer dans le tortueux, permettent à Kyuss de signer, avant Welcome to sky valley et ...And the circus leaves town, son premier incontournable. Jouissif dans sa lourdeur (Molten universe), adroitement breaké (Thong song), et réservant des plages psyché plus atmosphériques (Freedom run) mais balafrées par des instants plombés, ce disque est de plus fourni, jamais négligeable.

Un indispensable du stoner, donc, dans lequel on se replonge avec délices, fort, aussi, de mélopées vocales poppy malmenées par les grattes subtiles et bourrues de Josh Homme (800). Superbe album.

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TRACKLISTING:
1)Thumb
2)Green Machine
3)Molten Universe
4)50 Million Year Trip (Downside Up)
5)Thong Song
6)Apothecaries Weight
7)Caterpillar March
8)Freedom Run
9)800
10)Writhe
11)Capsized
12)Allen's Wrench
13)Mondo Generator
14)Yeah

Spicy Box, la fusion rageuse et inspirée... [Album éponyme (1995, Crash Disques)]

Souvenez-vous, 95, l'émergence de la fusion ou plutôt son essor, avec en France des groupes comme Atomic Kids, Oneyed Jack ou No one is Innocent et bien sur, ces agités venus de Saumur, qui démontrent sur ce huit titres une savoir-faire qui leur permettra par la suite de s'inscrire dans un créneau nettement plus electro tout aussi singulier.

Sur ce premier jet, ragga façon Asian Dub Foundation, animé par des guitares grinçantes, fusion hardcore trépidante (Wanna be free, Jamais soumis), élans indus à la Ministry puissantissimes (Fuckin' faast) précèdent Le futur et son tempo leste. Paroles contestataires, incitant à la réaction et à l'insurrection, et guitares féroces sur genres éclatés constituent la sève de ce premier jet qui flirte même avec le reggae le temps d'un Pas de visa bien planant. Le tout prendra fin sur Noir de peau, tribal et explosif, sur une cadence ici aussi retenue, puis bien plus énervée, et restera l'unique effort fusion d'une clique tellement douée qu'elle quittera vite ce créneau pour creuser le sillon d'un genre personnel, sur Mouvements (1997) puis plus encore sur Love & revolution (2000).

Une pierre angulaire, donc, de la fusion hexagonale, et dans le même temps, l'amorce d'un revirement salutaire et abouti.

Helmet-Meantime (1992)

Impossible d'évoquer les 90's sans parler des albums d'Helmet, groupe américain fondé par Page Hamilton et officiant dans une veine post-hardcore aux riffs crus, que notre homme et ses acolytes n'auront de cesse de faire évoluer, sur le bijou qu'est Betty ou encore sur Aftertaste et sa collection de morceaux aux allures d'uppercuts sonores mélodiques.

Ici, c'est le côté frontal, saccadé, qui prédomine, Hamilton faisant aussi dans le plus mélodique (You borrowed, l'alerte et génial Unsung), inaugurant ce pavé puissant par l'imparable In the meantime et le vindicatif Ironhead. Bardé d'attaques de guitares noisy lors des soli, massives dans leurs options rythmiques, et d'une section basse-batterie au poil, assénée, assurée par la paire Stanier/Bogdan, Peter Mengede épaulant Page à la guitare, ce disque est l'une des pierres angulaires de la carrière d'Helmet.

On y trouve aussi Wharton Tiers à la prod' et Andy Wallace au mixage, le son était bien évidemment parfait en tous points. Un indispensable donc, dans un style déjà reconnu comme étant celui d'Hamilton et compagnie, après un Strap it on déjà solide, paru sur Amphetamine Reptile Records, et en prélude à bien d'autres sorties significatives.

"Unfun" réédité

Sacrée bonne nouvelle pour les fans de Jawbreaker : "Unfun", le premier album du trio vient d'être réédité chez Blackball Records, label appartenant au batteur de Jawbreaker. 20 ans après sa sortie "Unfun" est donc de retour dans les bacs dans une version entièrement remasterisée par John Golden à partir des bandes d’origine. Le CD est bodybuildé avec en prime les trois titres du "Whack & Blite" E.P., la version 45t de "Busy" (mix différent) et un bonus track inédit, le tout emballé avec une livret 24 pages. Que demander de plus ...

The Money Will Roll Right In

The Shape Of Punk To Come (back)

C'est dans l'air du temps les rééditions "Deluxe" se multiplient... Quand on n'a pas grand chose de neuf à proposer rien de mieux que ressortir un classique agrémenté de quelques raretés pour faire marcher le tiroir caisse. Mais c'est qu'en peu surprenant de voir un groupe aussi engagé "anticapitalistement" parlant que Refused passer aussi au portillon des rééditions...

Epitaph Records va rééditer le 8 juin prochain "The Shape of Punk to Come" dans une édition "Deluxe" contenant deux disques bonus. Le premier sera un cd audio d'un concert enregistré en avril 1998 à l'Umeå Open festival. Le second sera un DVD reprenant le documentaire "Refused Are Fucking Dead" sorti en 2006. A part le live... rien de vraiment inédit... mais achat fortement conseillé à ceux qui n'ont pas encore ce classique dans leur discothèque.

L7 "Pretend We're Dead"

Hard Rock Grunge

Une de mes pièces de musée... Hard Rock Kollector n°1 "Pour en finir avec le Grunge" (1992) et son sommaire d'anthologie : Gruntruck, Erotic Jesus, The Slags, Sun, Hole, Sebadoh, Tool, Stone Temple Pilots, Mother Love Bone, Soundgarden, Alice In Chains...

Stone Temple Pilots "Core" (1992 - Atlantic)

La première fois que j'ai entendu parler de Stone Temple Pilots c'était en 1992 sur un Hors Série "Grunge" du magazine Hard Rock, "Core" venait de sortir et ses auteurs se faisaient gentiment taxer d'opportunisme musical par leurs homologues... La cause ? Stone Temple Pilots n'avait pas vu le jour dans les faubourgs de la pluvieuse capitale du grunge Seattle mais dans la baie de San Diego sous le soleil de Californie.

Opportunisme ou pas, les faits sont là boosté par une poignée de singles imparables "Core" s'est installé à l'époque plus de 20 semaines aux premières loges du Billboard américain, 500.000 exemplaires écoulés dans le même temps et 8 millions au total ! Il faut dire qu'avec des titres en acier trempé comme "Wicked Garden", "Dead and Bloated","Sex Type Thing" ou "Crackerman", le premier album de Stone Temple Pilots avait toutes les chances de rafler la mise en pleine déferlante grunge.

Toujours très porté sur les gros riffs bien tranchants, le rock de Stone Temple Pilots bénéficie surtout des services d'un frontman d'exception en la personne de Scott Weiland, un gars doté d'un charisme rare, né pour être une rock star. Doté d'une voix puissante mais aussi capable de distiller beaucoup d'émotion comme sur l'intimiste "Creep", Weiland est la pièce maitresse de Stone Temple Pilots, celui qui va lui permettre d'amener les choses à un autre niveau celui du "Ten" de Pearl Jam, du "Badmotorfinger" de Soundgarden, du "Dirt" d'Alice In Chains et du "Nevermind" de Nirvana qui venaient tous de sortir...

Nous vivions une époque formidable et Stone Temple Pilots ouvrait sa discographie de la plus belle des manières.

Treponem Pal "Excess & overdrive" (1993, Roadrunner)

Les 90's en France, ce fut aussi TREPONEM PAL, phénomène indus parisien produit dans un premier temps par Franz Treichler, chanteur des YOUNG GODS (sur le premier album éponyme, et ici), ou encore Roli Mosimann, producteur des...Young Gods justement, sur leurs sorties de l'époque.

Ce disque puissant et groovy, imparable, fait suite à un Aggravation plus que massif, sans égal, aux voix macabres et à l'ambiance saisissante, et aère quelque peu le propos de la troupe menée par Marco Neves, frontman théâtral et impressionnant, sans que celle-ci n'y perde, bien au contraire, de sa puissance de frappe.

Entre coups de boutoirs sévères (Le génial Out of reach en ouverture, Stoned), morceaux presque dansants, portés par une basse remarquable (Pushing you too far) et titres plombés comme il se doit (Excess & overdrive, Crimson garden), animés par des guitares furieuses et d'une redoutable efficacité (Michel Bassin a toujours tiré son épingle du jeu dans ce domaine), l'indus des Franciliens fait mouche et accouche d'un album de haute volée. A mi-chemin des Suisses drivés par Treichler, et du Ministry d' Al Jourgensen, les Trepo, comme on les appelle, combinent superbement souplesse rythmique et férocité indus (Nowhere land), et balancent des morceaux pesants à dotés de riffs façon Tommy Victor (Sometimes), se montrant également plus que convaincants dès lors qu'ils font dans le saccadé (Full moon), puis tentent avec brio un Trance mix d'Excess, à l'image d'ailleurs de ce que font les Gods de façon régulière. La réussite est totale, l'album unique, puissant et bien équilibré, et s'impose donc parmi les incontournables des 90's tout en étoffant une scène hexagonale déjà fournie sur le plan quantitatif et qualitatif.