Prohibition
« Nouveau Rock émotif et Urbain basé sur le mélange des musiques et influencé par le brassage culturel Parisien » , telle est la définition laconique qui figure sur le site de Prohibited Records à la page Prohibition. Difficile de faire plus court mais aussi plus précis car tout y est dit, l’aspect avant-gardiste de ce groupe, ses racines emocore , son identité parisienne, son goût pour le métissage musical, son ouverture d’esprit…
Formé à Paris en 1989, par les frères Nicolas (guitare, voix, Sitar) et Fabrice Laureau (basse) et le batteur Ludovic Morillon, c’est début 1993 que Prohibition sort « Turtle » un premier album d’emocore, largement conçu sous l'emprise de Fugazi et des groupes de chez Dischord, Touch & Go et Amphetamine Reptile. C’est dans cette passionnante scène emo/noise américaine que va prendre racine la musique de Prohibition.
En décembre 1993, Prohibition retourne en studios et met en boîte « Nobodinside » son deuxième album qui sort chez Distorsion en février de l’année suivante, y figurent notamment les titres "Break" et "Please", qui permettent au groupe de commencer à faire sérieusement parler de lui. Animés d’un farouche esprit d’indépendance, les frères Laureau créent en 1994, Prohibited Records ceci afin de ne plus être tributaires de décisions indépendantes de leur volonté, un split avec les Anglais de Cornershop est leur réalisation suivante. Intitulé « Sitar » parce que cet instrument indien est le point commun entre les deux groupes, ce E.P. est co-produit en 1995 avec le label Bruit Distordu.
1995 voit aussi la sortie sur Prohibited de « Cobweb Day ». Sur ce troisième album Prohibition commence à se détacher sérieusement de ses influences originelles et affiche une sacrée personnalité en privilégiant une approche plus mélancolique du noise rock. Ce disque comprend en particulier la première apparition discographique du saxophoniste de jazz Quentin Rollet sur «Glaring», jusque là il n’avait fait qu’improviser sur scène avec le groupe. Cette apparition préfigure son intégration définitive au line up qui se fera complètement à partir de l’album suivant. Grâce à « Cobweb-Day », Prohibition enchaîne deux tournées européennes, avec des dates en République tchèque, en Slovénie, en Autriche, et reçoit en prime une invitation de Fugazi à ouvrir quelques-uns uns de leurs concerts. Mais contrairement aux apparences pour Prohibition le véritable bond en avant se fera l’année suivante en 1996.
L’inspiration certainement revigorée par l’arrivée dans ses rangs de Quentin Rollet, Prohibition sort en septembre 1996 « Towncrier » son disque le plus novateur. Véritable album concept articulé autour de Paris et de ses quartiers, ce quatrième effort permet au désormais quatuor d’investir des territoires musicaux nouveaux, le jazz en particulier. En jouant sur cette palette musicale élargie, Prohibition invite l’auditeur à une tumultueuse traversée de Paris. De la « Goutte d’Or » à « Balard Créteil » en passant par « Sacré Cœur », sans jamais tomber dans l’élitisme abscons, par petites touches, les quatre musiciens parviennent à tracer les contours d’un style musical ambitieux et métissé mêlant l’emocore fiévreux de leurs débuts aux accents plus chauds encore du saxo ou du sitar. Avec ce bien nommé « Towncrier », la musique de Prohibition prend une tournure urbaine et une dimension multiculturelle qui sera la marque de fabrique de ce groupe si particulier. En février 1997, avant de tourner définitivement la page « Towncrier », Prohibition sort le E.P. « #5Followthetowncrier », frère jumeau de l'album comportant cinq titres inédits et prolongeant le concept urbain et parisien de la chose.
Devenu une véritable référence du rock indépendant français, Prohibition n’en demeure pas moins un infatigable défricheur, pour son cinquième et ultime album « 14 Ups and Downs » qui sort en septembre 1998, le combo parisien, privilégie une approche plus sentimentale que celle qui avait présidé à la réalisation de «Towncrier ». Sur ce point, « 14 Ups and Down » semble conçu comme le contre pied parfait de “Towncrier”, il laisse de côté le son tranchant et sec de ce dernier au profit de tonalités plus rondes et plus sensuelles. Prohibition opte aussi pour des mélodies plus touchantes et choisit de pousser encore plus loin ses digressions jazzy, tout en conservant l’énergie qui a toujours habité ses créations. Au final « 14 Ups and Down » est certainement son album le plus abouti, combinant la mélancolie d’un « Cobweb-Day » et le côté plus bouillonnant d’un « Towncrier ».
Récoltant les fruits de son activisme hors pair, en septembre 1998 Prohibition parvient à tourner pendant trois semaines d’affilée sur la côte Est des Etats Unis entre New York et Chicago. Il tourne aussi beaucoup en France ouvrant entre autres pour les Thugs, Dominique A., Noir Désir et Condense. En 1999, une tournée européenne est à nouveau organisée, à l’issue le groupe choisit de faire un break pour pouvoir se consacrer à d’autres projets musicaux ainsi qu’à la gestion de Prohibited Records. Malheureusement ce break lui sera fatal et Prohibition entrera dans une période d’hibernation dont il n’est toujours pas sorti.
3 Comments:
Ce groupe était génial, j'ai "Towncrier" et je l'écoute encore comme un dingue!
il y a beaucoup de choses inédites du groupe à ce lien :
http://www.prohibitedrecords.com/html3/tenyears.html
Plus j'écoute Prohibition et plus je me dis qu'ils ont sorti des albums incroyables. Diversifiés, puissants, super bien élaborés ! La grande classe. Vu à Lyon en 2015 lors d'une reformation. 20 personnes dans le public mais un set parfait.
Enregistrer un commentaire
<< Home